Le séduisant Dorante, jeune provincial revenu à Paris, entend bien se faire une place dans cette « île enchantée » qu’est devenue la ville. Épris d’aventures amoureuses, « vaillant par nature et menteur par coutume », il imagine, « rêve en parlant » et s’invente des exploits... Dorante a du talent, Dorante est un artiste, un joueur. A sa façon, il se veut un héros. Si le mensonge fait partie d’une stratégie savante, il semble aussi imposé par la loi de prestige qui régit le théâtre social. Mais le menteur est loin d’imaginer que la belle Clarice qu’il veut subjuguer lui tend un piège en faisant passer sa cousine pour elle-même ! L’euphorie du mensonge tourne au vertige : qui aime qui ? Démasqué, le menteur s’en tirera par une ultime pirouette...
Métamorphoses de la ville, identités en fuite, inconstance et duplicité : dans la comédie baroque, le monde n’est qu’un jeu, ou plutôt un théâtre.
Et Corneille soulève cette question - aussi vraie alors qu’aujourd’hui : toute position de pouvoir ne s’établit-elle pas sur le mensonge et la fiction ?
On ne se lasse pas du Menteur ; la noble simplicité de cette pièce ne vieillit pas...Rien n’attache plus que le plaisir de voir mentir Dorante.
Stendhal