Si l’on a tendance à reconnaître en Boby Lapointe un magicien des mots et de leur agencement, rares sont ceux à avoir su entendre l’originalité de ses mélodies et de ses talents d’interprète, fondus en une sorte de flot syllabique à la fois chaotique et monocorde parfaitement singulier.
C’est à « la petite musique » très particulière de ce poète à la fois drolatique et paradoxalement profond dans sa façon de fonder principalement son style sur des jeux de surface, tout en glissements de sens et miroitements sonores, que le pianiste et compositeur Jean-Marie Machado a décidé de rendre hommage dans ce nouveau spectacle intitulé avec tendresse La Fête à Boby.
Passé maître dans ces projets hybrides aux orchestrations souvent ambitieuses,mettant en relation des cultures et des traditions éloignées, Machado a ici invité à se joindre à son grand orchestre Danzas créé à l’occasion du spectacle Fiesta Nocturna, l’une des personnalités les plus délicieusement « plurielles » de la scène hexagonale : le chanteur, scatteur, slameur et rappeur occitan, André Minvielle.
Mêlant aux principaux succès de Lapointe somptueusement réarrangés une série de chansons et de compositions originales directement inspirées par son univers loufoque, Machado et Minvielle inventent au final un « tour de chant » d’un genre nouveau, à la fois théâtral, poétique et ludique, offrant à travers cet hommage une inespérée seconde jeunesse à l’oeuvre authentiquement novatrice d’un des auteurs, compositeurs et interprètes les plus sous estimés de la chanson française d’après-guerre.