« J’ai voulu aller à la rencontre d’une nouvelle culture à la fois empreinte de traditions ancestrales et ancrée dans une modernité extrême. La rencontre avec l’« Autre » est toujours chez moi source d’inspiration. Le rapport à l’« étranger » est nécessairement et intrinsèquement différent – la barrière de la langue nous force à réfléchir autrement, le langage du corps prime ; la pudeur et la réserve que l’on ressent face à cet autre sont finalement transcendées par un langage nouveau fait de la gestuelle de corps façonnés et pétris de cultures qui viennent s’enrichir et s’entremêler. C’est ce bousculement, ce retranchement que je cherche à provoquer en moi et qui anime mon processus de création : je suis curieux de pouvoir trouver le pivot entre ma danse, celle qui me caractérise, et la danse à Taïwan nécessairement différente de la mienne de par les corps, les influences, les formations. La distribution de cette création est partagée entre interprètes taïwanais et français. Je me suis appuyé sur certains proches collaborateurs mais ai travaillé pour la première fois avec un jeune styliste que j’ai rencontré à Taïwan. Il se démarque par des créations de costumes sculptés dans de la laine – ce que j’avais pu voir de son travail m’avait fasciné. Cette contrainte du costume pour le geste du danseur me pousse à aller chercher le rythme à un autre niveau. »
Mourad Merzouki