Deux pièces zoologiques en un acte d’Eugène Labiche.
La Dame au petit chien et Un mouton à l’entresol explorent un même motif : le parasite.
La Dame au petit chien
Roquefavour, jeune peintre endetté, a une idée de génie : se mettre en gage, lui et ses meubles, chez son créancier, Monsieur Fontenage.
Situation folle, où Roquefavour n’a plus de domicile, mais un logement ! Et voilà l’artiste, peu scrupuleux, en position de jouir des biens de l’usurier.
Séducteur, il ne lui reste qu’à faire succomber la Dame au petit chien, l’épouse de son créancier. Or cette dernière, plongée dans un ennui mortel, n’est pas une proie difficile.
Un mouton à l’entresol
Par souci de moralité, un couple de bourgeois, Mr et Mme Fougallas ont embauché un couple marié de domestiques, Falingard et Marianne. Seulement, tout est faux dans cette situation de départ…
Du côté des maîtres, ce n’est pas par moralité, que Fougallas veut une jeune bonne mariée, mais pour assouvir ses besoins sexuels sans risquer d’ennuis !
Du côté des domestiques, Falingard, le serviteur bossu, myope et curieusement coiffé d’une perruque, n’est entré au service de ses
maîtres que sur un double mensonge : primo, il n’est pas marié à Marianne, secundo, le parasite n’est dans la place que pour poursuivre ses macabres expérimentations animales et faire une grande découverte sur le tournis du mouton !
Choisir de monter ces deux pièces, c’est d’abord mettre les pas dans ceux du grand moraliste du XIXe siècle. Surveillé par la censure du Second Empire qui s’enivre de ses divertissements agréables, Labiche y déploie habilement satire et métaphysique. C’est aussi pour interroger à travers la mise en jeu de ces textes de vaudeville, un art particulier de l’acteur : « l’acteur comique à la française », à un moment de mon travail, où je veux me concentrer sur l’art de l’acteur et en particulier son corps et sa voix.
Le vaudeville implique aussi des acteurs qui sachent chanter. Labiche va du parlé au chanté, en passant par toute une palette de locutions qui fait de la voix l’expression de l’indicible : cris, sons, respirations, mots qui buttent, qui redoublent, lapsus... tout un ensemble de « matériaux » qui composent la partition vocale de ces pièces courtes.
Jean Boillot